samedi 7 juillet 2007

Sonnez deux fois



Les temps sont durs... P. est parti (il reviendra!), j'ai dû prendre une avocate pour essayer de régler une sale affaire familiale, et je dois penser à mon déménagement, que je n'avais ni prévu, ni désiré. C'est beaucoup pour un seul homme, et pour un seul été. Heureusement, j'ai eu la chance de passer les derniers jours de juin en Provence; et comme ce blog, malgré son titre, commence à prendre une tournure plus poétique et littéraire que musicale, je ne résiste pas à l'envie de citer Paul-Jean Toulet:

Dans Arle, où sont les Aliscams,
Quand l'ombre est rouge, sous les roses,
Et clair le temps,

Prends garde à la douceur des choses.
Lorsque tu sens battre sans cause
Ton cœur trop lourd;

Et que se taisent les colombes:
Parle tout bas, si c'est d'amour,
Au bord des tombes.

En Arles, je n'ai pas visité les Alyscamps (le vieux cimetière peint par Van Gogh et Gauguin en 1888), mais j'ai observé toutes sortes de choses curieuses, par exemple cette sonnette agrémentée d'un amusant message. Si le facteur sonne toujours deux fois, comment les occupants du premier étage font-ils pour recevoir leur courrier? Leurs voisins du deuxième font-ils le tri au sein de l'immeuble? Et si un jour ils en avaient assez, depuis le temps? (Car la chose dure bien depuis cent ans: tout cela n'est pas neuf, on le voit bien...) Mystère.

Régine Crespin est morte avant-hier. Je ne l'ai jamais entendue chanter, mais j'ai assisté à une master class qu'elle a donnée au Théâtre du Châtelet à la fin des années 1990; j'en reparlerai peut-être un jour. Sa Brünnhilde de La Walkyrie est de toutes la plus belle, la plus douce, douce comme un mot d'amour au cimetière des Alyscamps, à faire fondre tous les Siegmund du monde. Mais j'aime par-dessus tout ses extraits des Troyens de Berlioz, et son Hérodiade de Massenet, dont il ne reste hélas que des fragments. Un lien intéressant, pour les mélomanes anglophones: The Crespin Project...

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