vendredi 20 juillet 2007

A bicyclette


J'attendais depuis longtemps l'occasion de me remettre au vélo, mais comme de nombreux Parisiens, j'ai un petit appartement où il est impossible de ranger un deux-roues sans gravement compromettre ma qualité de vie. Quant à garer l'objet dans la rue, pas question: trop de vols... Mais comme il est désormais possible de louer des vélos à la demi-heure à tous les coins de rue, mes réticences n'ont plus lieu d'être, et je renoue avec le Thomas Voeckler qui sommeille en moi depuis l'enfance. A bicyclette, j'ai l'impression de voyager en tapis volant: la vitesse, l'aisance des déplacements me donnent un curieux sentiment d'irréalité, et mon quartier s'est subitement agrandi, maintenant que je peux atteindre en quelques instants des lieux auparavant inaccessibles en moins de vingt minutes. Et puis tout cela me rappelle furieusement mes années passées en Angleterre, et le magnifique vélo de la police que j'ai dû abandonner en partant, malgré tous les services qu'il m'avait rendus... (C'était avant l'Eurostar: pousser une bicyclette sur le ferry trans-Manche en plus de mes lourds bagages ne me disait pas grand-chose. Et comment aurais-je fait pour la transporter jusqu'à Douvres depuis ma petite ville du Cambridgeshire?) Mais ce qui m'amuse le plus, ce sont encore les remarques que j'entends çà et là depuis que je suis redevenu cycliste. Le vélo rend bavard, qui l'eût cru? Quelques exemples, tous authentiques:

"Depuis que les gens font du vélo, ils ont le sourire. Demain nous essayons!" (deux lesbiennes déjà très souriantes, bien que piétonnes)

"Vous savez où je peux trouver une station?" (un quidam qui est venu me taper sur l'épaule avec un parfait sans-gêne alors que je poussais mon vélo sur le trottoir devant la gare du Nord et que je répondais à un appel téléphonique urgent)

"J'échange le mien contre le tien!" (un ami VTTiste croisé à un feu rouge près de chez moi)

"Ils sont sympa, ces vélos. Delanoë n'a vraiment que de bonnes idées." (un petit brun d'une vingtaine d'années devant une borne Vélib)

"On peut prendre un abonnement même si on n'est pas parisien?" (une provinciale hilare assise au volant de sa voiture, comme je remontais la rue des Archives, à défaut de descendre des fleuves impassibles)

"Il est électrique? Hein? Il est électrique? Comment? Je veux savoir s'il est électrique?" (un passant dur d'oreille, devant l'Opéra Bastille)

"Il faut combien de chiffres pour faire un numéro d'abonné?" (un brave homme qui venait de regarder avec attention comment je m'y étais pris pour retirer mon vélo)

"C'est bien joli, tout ça, mais si vous avez un accident, qui paye?" (le patron de mon bistrot préféré)

"Y avait Fernand, y avait Firmin,
Y avait Francis et Sébastien
Et puis Paulette..." (Yves Montand)

Bon, je vais être franc: Paulette, je m'en fiche un peu, je préférerais mon beau P., avec ou sans bicyclette, et tant pis pour la rime...

jeudi 12 juillet 2007

Forêts paisibles

Il y a la musique...

Il y a la belle musique...

Et puis il y a quelques "tubes" irrésistibles qui me donnent envie de danser, de chanter, de rire, même quand il fait gris et que celui que j'aime est loin. Par exemple le merveilleux rondeau des Indes Galantes, qui date de 1735 et n'a pas pris une ride:



P., je te dédie ces quelques minutes de joie toute simple...

samedi 7 juillet 2007

Sonnez deux fois



Les temps sont durs... P. est parti (il reviendra!), j'ai dû prendre une avocate pour essayer de régler une sale affaire familiale, et je dois penser à mon déménagement, que je n'avais ni prévu, ni désiré. C'est beaucoup pour un seul homme, et pour un seul été. Heureusement, j'ai eu la chance de passer les derniers jours de juin en Provence; et comme ce blog, malgré son titre, commence à prendre une tournure plus poétique et littéraire que musicale, je ne résiste pas à l'envie de citer Paul-Jean Toulet:

Dans Arle, où sont les Aliscams,
Quand l'ombre est rouge, sous les roses,
Et clair le temps,

Prends garde à la douceur des choses.
Lorsque tu sens battre sans cause
Ton cœur trop lourd;

Et que se taisent les colombes:
Parle tout bas, si c'est d'amour,
Au bord des tombes.

En Arles, je n'ai pas visité les Alyscamps (le vieux cimetière peint par Van Gogh et Gauguin en 1888), mais j'ai observé toutes sortes de choses curieuses, par exemple cette sonnette agrémentée d'un amusant message. Si le facteur sonne toujours deux fois, comment les occupants du premier étage font-ils pour recevoir leur courrier? Leurs voisins du deuxième font-ils le tri au sein de l'immeuble? Et si un jour ils en avaient assez, depuis le temps? (Car la chose dure bien depuis cent ans: tout cela n'est pas neuf, on le voit bien...) Mystère.

Régine Crespin est morte avant-hier. Je ne l'ai jamais entendue chanter, mais j'ai assisté à une master class qu'elle a donnée au Théâtre du Châtelet à la fin des années 1990; j'en reparlerai peut-être un jour. Sa Brünnhilde de La Walkyrie est de toutes la plus belle, la plus douce, douce comme un mot d'amour au cimetière des Alyscamps, à faire fondre tous les Siegmund du monde. Mais j'aime par-dessus tout ses extraits des Troyens de Berlioz, et son Hérodiade de Massenet, dont il ne reste hélas que des fragments. Un lien intéressant, pour les mélomanes anglophones: The Crespin Project...